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Historique

HISTORIQUE

L’histoire tragique de l’utilisation industrielle de l’amiante commence au début des années 1900. Elle se poursuivra, en Europe occidentale, tout au long du siècle jusqu’à l’interdiction en 2005 de l’amiante dans tous les pays de l’Union européenne (1998 et 2001 en Belgique). Les dégâts causés par l’amiante ont été longtemps volontairement dissimulés par des industriels plus soucieux de continuer à utiliser un matériau bon marché qui leur assurait des profits avantageux que de la santé des travailleurs et des utilisateurs de leurs produits.
La latence des maladies de l’amiante, dont certaines, et notamment les cancers, surviennent parfois des dizaines d’années après la première exposition, a servi les industriels. De même les deux guerres mondiales qui ont retardé la prise de conscience.
La connaissance de l’ampleur du désastre a fini par émerger, mais restait largement limité à la sphère professionnelle. Jusqu’à ce que des victimes se révoltent.

L’Association belge des victimes de l’amiante (ABEVA) est née de la volonté de quelques personnes sensibilisées directement à la question des nuisances de l’amiante dans leur entourage. Il s’agit notamment des familles Vandenbroucke et Jonckheere.

Luc Vandenbroucke est décédé d’un mésothéliome en 1999, à l’âge de 48 ans. Dans deux emplois, comme chauffagiste et électromécanicien, il avait été exposé à l’amiante, sans information ni protection. Françoise Jonckheere est décédée en juillet 2000 d’un mésothéliome, à l’âge de 67 ans. Elle était l’épouse d’un ingénieur, cadre à Eternit Belgique, à Kapelle-op-den-Bos, lui-même décédé du même mal en 1987. Comme d’ailleurs de nombreux cadres et travailleurs d’Eternit, la famille Jonckheere a longtemps vécu dans les environs immédiats de l’entreprise. Cette proximité est la source de la contamination dont elle fut victime. Atteinte de la maladie, Françoise Jonckheere a saisi la dimension du problème, elle s’est inquiétée pour les habitants de Kapelle, et s’est dite alors effrayée par la perspective que ses cinq fils puissent être atteints à leur tour dans l’avenir. Cette crainte s’est concrétisée avec le décès, pour mésothéliome, de deux de ses fils, Pierre-Paul en 2003 à l’âge de 43 ans, et Stéphane en janvier 2009, à l’âge de 43 ans lui aussi.

Luc Vandenbroucke et Françoise Jonckheere ont pour trait commun d’avoir porté leur affaire en justice, et de l’avoir rendue publique, ce qui était exceptionnel, courageux et novateur en Belgique ; le premier dans un contexte professionnel, la seconde comme victime environnementale. Indemnisé par le Fonds des Maladies Professionnelles (FMP), Luc Vandenbroucke avait voulu aller plus loin et faire condamner les entreprises coupables à ses yeux d’avoir commis une faute intentionnelle, mais avait été débouté. Le tribunal n’avait pas voulu aller au-delà de la stricte définition légale de la faute intentionenelle, c’est-à-dire la volonté expresse de nuire à une personne déterminée ou le non respect d’une injonction d’un inspecteur du travail. Françoise Jonckheere, elle, s’est d’abord adressée à Eternit pour demander réparation, mais a refusé l’offre de réparation qui lui était faite, la jugeant insuffisante et s’indignant de la clause de confidentialité qui y était associée. Elle a publiquement dénoncé une situation qu’elle estimait alarmante. Diffusé d’abord sur les ondes de la RTBF, au journal télévisé et au journal parlé, et puis repris par d’autres médias, son témoignage a eu un retentissement certain.

Plusieurs sympathisants des deux victimes, des membres de leur famille, et d’autres personnes sensibilisées par la problématique de l’amiante ont alors élaboré un projet d’association et un cahier de revendications. Ensemble, ils ont créé l’Association belge des victimes de l’amiante, ABEVA. Ils ont aussitôt été rejoints par des anciens travailleurs de la société Coverit , une ex-filale d’Eternit située à Harmignies près de Mons. Parmi eux, Michel Verniers, un ancien délégué CSC, qui décèdera d’un mésothéliome en décembre 2009.

L’ABEVA s’est présentée aux médias lors d’une conférence de presse le 20 décembre 2000. Des représentants de la puissante association française homologue, l’ANDEVA, ont participé à la conférence en soutien à la nouvelle association.

1.    Les revendications de l’ABEVA (voir aussi l’onglet « missions »)

Dès le départ, les revendications de l’ABEVA étaient articulées autour des axes suivants :

- la réparation intégrale de tous les préjudices encourus par toutes les victimes de l’amiante en Belgique.  Création d’un système d’indemnisation spécifique aux victimes de l’amiante, qui couvre les victimes encore non couvertes et améliore l’indemnisation de celles qui le sont déjà partiellement (par le Fonds des maladies Professionnelles, FMP).
- Suppression, modification ou amélioration de toutes les dispositions juridiques qui entravent les recours éventuels en justice des victimes de l’amiante en vue d’une réparation intégrale, et cela selon le principe « pollueur-payeur » (délais de prescription, immunité du pollueur, notion de faute intentionnelle etc…).
- éviter la reproduction des drames du passé et, à ce titre, accorder une importance particulière à la surveillance ou à l’éradication de toutes les sources de contamination potentielle par l’amiante dans l’avenir. Une priorité particulière doit être accordée aux écoles.
- garantir le respect et l’extension, en Belgique, et puis partout dans l’Union européenne, et enfin dans le monde, de l’interdiction de l’amiante et la recherche de substituts efficaces.
- Affecter le maximum d’efforts à la recherche médicale sur les maladies de l’amiante, leur prévention et leur traitement, particulièrement le mésothéliome.

2.    Les actions de l’ABEVA

L’ABEVA a organisé de multiples rassemblements de victimes de l’amiante et diffusé leurs témoignages. Elle a organisé des marches des victimes de l’amiante, participé à des colloques, sollicité et rencontré les partis politiques, et les milieux économiques et sociaux. Elle entretient des contacts avec les associations – sœurs de différents pays. Toute la panoplie des moyens d’expression d’une association est utilisée pour faire valoir ses revendications. L’association édite périodiquement un bulletin d’information, Abeva News, anime un site internet abeva.eu. Toutes ses publications sont bilingues. L’Abeva assure aussi une présence sur facebook.

3.    Acquis à ce jour (printemps 2017)

Après plusieurs années d’actions, l’ABEVA, avec l’aide d’autres acteurs politiques et sociaux, a obtenu la création de l’AFA, l’Asbest Fonds Amiante, un dispositif d’indemnisation spécifique aux victimes de l’amiante en Belgique. Une victoire incontestable (améliorée en 2013 avec l’extension de la couverture soins de santé), qui répond partiellement à une de ses revendications essentielles sur la réparation du préjudice des victimes. L’AFA reste cependant insuffisant, notamment parce qu’il n’indemnise pas toutes les maladies de l’amiante, et parce que les personnes qui décident d’y avoir recours doivent renoncer à toute autre voie de recours qu’elles souhaiteraient activer à l’encontre du responsable de leur exposition à l’amiante.
- Pour l’AFA, voir l’onglet « indemnisations », ainsi que le site de l’AFA : http://www.afa.fgov.be ) .
- pour les commentaires et critiques de l’ABEVA sur l’AFA, voir Abeva news de janvier et mai 2007, dans l’onglet « abeva news »

Par ailleurs, l’action de l’ABEVA a contribué à étendre la sensibilisation à la question de l’amiante dans différents domaines, entreprises publiques et privées, écoles, etc… Les régions adoptent progressivement des mesures d’éradication de l’amiante en place dans les bâtiments. Il reste encore beaucoup d’amiante sous forme d’amiante-ciment dans l’environnement immobilier, même si une partie de l’amiante le plus dangereux, l’amiante projeté sur des murs des plafonds et des structures métalliques, a été enlevé.
Beaucoup reste à faire.


Note : pour avoir un historique le plus complet possible de la problématique récente et de l’histoire du combat en faveur des victimes de l’amiante, on peut consulter en libre accès  le courrier hebdomadaire du CRISP paru en février 2010 :
https://www.cairn.info/revue-courrier-hebdomadaire-du-crisp-2010-3.htm