L’Association Belge des Victimes de l’Amiante, l’ABEVA a appris avec grande tristesse le décès de l’avocat Georges-Henri Beauthier.
Parmi les nombreuses causes qu’il a défendues, nous souhaitons rappeler combien il a soutenu les malades et décédés de l’amiante dans leur combat pour leur reconnaissance.
Il avait été porteur des premières actions en justice, dans les cas de Luc Vandenbroucke, et puis de Françoise Vannoorbeeck-Jonckheere, un procès majeur en responsabilité civile intenté à la société Eternit, jugée responsable du décès de cette riveraine de l’usine. Le collègue d’alors de Georges-Henri Beauthier, l’avocat Jan Fermon a conduit avec succès ce procès en 2011 et 2017.
Récemment, même diminué par la maladie, Georges-Henri Beauthier a encore tenu à assister, en septembre 2024, à l’inauguration d’une stèle en hommage aux victimes de l’amiante à Kapelle-op-den Bos.
De tout cela, l’ABEVA lui en sera toujours chaleureusement reconnaissante.
Il restera dans nos mémoires.
L’ABEVA
Le 25 juin 2025
Le parquet néerlandais tient pour responsable la société Eternit du décès de deux anciens employés de son usine de Goor aux Pays-Bas, rapporte mardi le quotidien néerlandais De Telegraaf. Le ministère public a confirmé l'information à l'agence de presse néerlandaise ANP. Selon le ministère public, Eternit a "volontairement et sciemment" exposé ses travailleurs à des risques graves pour leur santé.
Eternit, filiale du groupe belge de matériaux de construction Etex, est poursuivi pour homicide involontaire et homicide par négligence, a confirmé le parquet au journal.
L'entreprise est accusée d'avoir exposé des années durant ses employés et des tiers à des particules d'amiante, avec des conséquences mortelles.
En 2019, un comité des victimes de l'amiante aux Pays-Bas a porté plainte au nom de six proches de neuf ex-employés de l'entreprise décédés des suites d'une exposition à l'amiante. Une enquête policière a été menée pendant près de cinq ans.
Eternit estime que les poursuites pénales qui la visent sont injustifiées, a réagi son avocat, Daan Doorenbos qui souligne que l'entreprise a respecté les législation et réglementation alors en vigueur. Lorsque l'amiante a été interdit aux Pays-Bas en 1993, l'entreprise a aussitôt cessé son utilisation.
En 2017, Eternit avait déjà été condamnée en Belgique à verser des dommages et intérêts aux proches d'une victime de l'amiante.
Etex, dont le siège social se trouve à Zaventem, possède plus de 160 sites dans 45 pays, emploie 13.500 personnes dans le monde et a réalisé un chiffre d'affaires de 3,78 milliards d'euros en 2024.
Plus motivés que jamais les membres de l'équipe Abeva participeront aux 20km de Bruxelles. Toutes nos pensées iront à Eric qui a initié le mouvement et couru ou marché de nombreux 20km.
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Déjà merci
L’Association Belge des Victimes de l’Amiante, ABEVA, se réjouit fortement de la résolution qui a été votée à l’unanimité mercredi 26 mars au Parlement flamand. Cette résolution exige que les responsables historiques de l’importante présence de produits amiantés à risque dans le parc immobilier public et privé en Flandre, participent, à la mesure de leur lourde responsabilité, au financement du plan de désamiantage de la Flandre.
Ce plan, déjà entré en vigueur, prévoit une Flandre sans risque amiante à l’horizon 2040. Il comprend plusieurs étapes importantes, certaines en cours de réalisation, et des priorités dont l’élimination du risque amiante dans les écoles. Selon des données récentes fournies par l’OVAM (Office flamand des déchets), en Région flamande 50 % des écoles contiennent encore des produits amiantés à risque, à enlever le plus rapidement possible.
Lors d’une audition au Parlement flamand, l’ABEVA a pu présenter des données sur les moyens financiers (fortune et revenus annuels) des principales familles d’actionnaires des entreprises historiquement liées à l’usage massif de l’amiante et donc des risques qu’il pose encore aujourd’hui. Certes le recours à l’amiante dans les années d’après-guerre n’avait rien d’illégal puisque qu’il n’a été interdit en Belgique qu’à la fin des années 1990. Cet argument est cependant trompeur : en effet, un lobbying puissant, lié aux familles actionnaires des holdings Eternit et puis Etex, a permis de sciemment dissimuler ou de minimiser durant plusieurs décennies le caractère nocif de l’amiante, comme cela été démontré déjà par les jugements rendus par les tribunaux en 2011, 2017 et 2023, et donc permis de prolonger abusivement l’usage de l’amiante. Et la coresponsabilité de l’Etat dans la poursuite de l’utilisation de l’amiante ne diminue en rien la responsabilité première des entreprises.
Il serait donc logique que ces familles et actionnaires contribuent massivement aux coûts du désamiantage nécessaire pour rendre la Flandre « asbest safe » ou sans risque lié à l’amiante.
L’ABEVA appelle les Régions wallonne et bruxelloise à avancer rapidement dans ce dossier. Elles aussi sont confrontées aux mêmes problèmes et enjeux.
Jusqu’à présent aucune de ces deux régions n’a élaboré un plan global semblable à celui de la Flandre. Elles mènent pour le moment de simples politiques d’information des citoyens sur les réglementations existantes. Mais il n’y a aucun objectif fixé, avec un calendrier et des budgets assignés. Il n’existe à ce jour aucune prime ou subsides au désamiantage ni d’obligation d’inventaire amiante en cas de vente immobilière, comme c’est le cas en Région flamande. Pas de cadastre clair et synthétique rendu public. Les réponses passées ou récentes à des questions posées aux deux gouvernements régionaux par leurs parlements respectifs ne montrent guère de perspective.
Cela ne veut pas dire que rien n’est fait. Par exemple, le plan d’investissement exceptionnel d’un milliard d’euros dans la rénovation des bâtiments scolaires en fédération Wallonie Bruxelles comprend des rubriques et budget amiante. Mais là aussi l’information est lacunaire. Et il n’est pas impossible d’imaginer que, comme en Flandre, une proportion importante d’écoles posent encore un risque amiante.
Les Régions wallonne et bruxelloise – dont nous savons en plus les problèmes financiers - pourraient aussi, de leur côté, se saisir de la question d’une contribution nécessaire des responsables historiques du problème posé par l’amiante. Il serait curieux et regrettable qu’au cas où un accord interviendrait entre la Flandre et Etex/Eternit pour une contribution au financement du désamiantage, les deux autres régions ne fassent rien en cette matière et se privent elles-mêmes de solution de ce type alors qu’elles sont touchées de la même façon pour ce problème.
Avec comme objectif des régions wallonne et bruxelloise sans risque-amiante.
L’ABEVA demande aux parlements et gouvernements de ces deux régions de se saisir au plus vite de cette question.
L’ABEVA
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Marc Molitor 0475 74 77 03
Sur le site de la VRT : Une journaliste de la RTBF mettait déjà en garde contre l'amiante dans les années 70, mais il n'a pas été écoutée
(traduction)
"En 1977 déjà, nous avons réalisé un reportage sur l’amiante, mais nous nous sommes heurtés à un silence organisé." C’est ce que raconte l’ancienne journaliste de la RTBF, Marie-Anne Mengeot, dans un entretien avec Pano. Mengeot a réalisé des dizaines de reportages sur les dangers de l’amiante. Selon elle, tant les politiciens que les scientifiques, les syndicats et les entreprises ont réagi trop tard dans notre pays. "Vingt années ont été perdues, et avec elles, des centaines de vies humaines."
Marie-Anne Mengeot a été journaliste d'investigation pendant plus de 30 ans pour la chaîne francophone RTBF. Elle a produit une dizaine de reportages sur l’amiante et l’entreprise Eternit. Son enquête a débuté dès les années 70.
"Nous travaillions sur les accidents du travail et les conditions de travail, un sujet qui n’était pas très populaire chez les journalistes. C’est ainsi que nous avons découvert l’histoire de l’amiante", raconte aujourd’hui Mengeot, âgée de 81 ans. En 1977, elle réalise son premier reportage sur l’amiante, mais celui-ci ne suscite que peu de réactions. "Nous nous sommes heurtés à un manque d’intérêt, à de l’incrédulité ou à un silence organisé."
"Nous avons demandé des informations au ministère du Travail, mais personne n’était au courant. Il n’y avait aucune donnée sur les entreprises utilisant de l’amiante, encore moins sur les victimes. Contrairement à l’Angleterre, où les certificats de décès des ouvriers indiquaient publiquement la cause de la mort, nous n’avions rien de tel."
Même du côté des scientifiques, le silence persistait. "Certains allaient jusqu’à nier l’existence du mésothéliome. Ils prétendaient qu’il ne s’agissait que de métastases d’un cancer du poumon."
"‘Ne venez pas nous embêter avec votre histoire’, nous ont répondu certains ouvriers. Ils voulaient garder leur emploi, c’était leur priorité."
Face à ces dénégations, la journaliste a elle-même commencé à douter de son enquête. "Nous nous demandions si la situation chez nous était différente de celle en Angleterre, où les dangers de l’amiante étaient déjà reconnus depuis longtemps."
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Des journalistes de Pano ont retrouvé des déchets de construction contenant de l’amiante sur un terrain agricole où des pommes de terre sont cultivées. Des routes et des allées dans les environs de Kapelle-op-den-Bos sont également encore jonchées de déchets de tuyaux, des morceaux de déchets de construction que l’entreprise d’amiante Eternit distribuait autrefois pour stabiliser ces voies et accès. L’expert en sols Serge Venken explique à quel point ces déchets d’amiante sont dangereux.
Les reporters de Pano se sont rendus avec un expert en sols dans la région de Kapelle-op-den-Bos, où l’entreprise belge Eternit a produit des matériaux contenant de l’amiante pendant de nombreuses années. Ils voulaient savoir combien de débris d’amiante subsistaient encore dans la région.
Autrefois, Eternit distribuait gratuitement des déchets de tuyaux aux employés et aux habitants du quartier. Ces déchets de production contenant de l’amiante étaient souvent utilisés pour rehausser ou stabiliser les allées, les sentiers et les routes. L’Agence flamande des déchets (OVAM) a déjà mené de nombreuses opérations de dépollution des déchets de tuyaux à Kapelle-op-den-Bos et dans 17 communes avoisinantes au cours des dernières années.
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Samedi 8 mars 2025, le quotidien Het Laaste Nieuws a publié une interview de Xavier Jonckheere, dans lequel celui-ci annonce qu'il est aussi atteint de mésothéliome. Pour rappel, cinq membres de cette famille sont déjà décédés des suites d'exposition à l'amiante, le père d'une affection professionnelle contractée dans son travail à l'usine Eternit de Kapelle-op-den-Bos, les quatre autres - la mère et trois enfants - suite à une exposition environnementale de proximité de l'usine, dont Éric, président de l'ABEVA, décédé en décembre dernier.
Des deux frères restants, Xavier est à son tour atteint. C’est bien sûr une terrible nouvelle pour lui, sa famille, nous tous, qui sommes particulièrement choqués. L'ABEVA assure Xavier de toute sa solidarité et son soutien.
Au-delà de la personne de Xavier, ce sont toutes les victimes de l’amiante que l’ABEVA défend bien sûr. Le cas de la famille Jonckheere est ici avant tout un symbole de l’ampleur de l’épidémie qui se poursuit. Elle justifie une attention soutenue et renouvelée pour le combat contre les dégâts de l’amiante, passés et encore à venir.
Le passé justifie la poursuite des efforts pour encore améliorer le système d’indemnisation des victimes, le Fonds Amiante ( l’AFA) , notamment via la discussion en cours au Parlement fédéral.
L’avenir s’appelle désamiantage, pour éviter toute exposition future due à l’amiante encore très présent dans l’environnement.
Dans les deux cas, les responsables historiques de cette épidémie devront contribuer à l’effort, dans la mesure de leurs lourdes responsabilités.
Le 9 mars 2025
L’ABEVA